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  • Mohamed Ali Elhaou

Lac des Cygnes du Ballet Saint-Pétersbourg ouvre la 55eme édition du festival de Carthage

Le 11 juillet 2019 était la date fatidique tant attendue par les férus du festival de Carthage. Hier donc, c’était l’honneur au Ballet de Saint-Pétersbourg de Russie de donner le ton jovial de la 55ᵉ édition du théâtre romain de Carthage. L’ambiance était propice, temps doux, un public égayé, hétérogène, gradins en pleine effervescence, une organisation au point notamment en ce qui concerne les places pour les journalistes, mais surtout, nouveauté de cette édition, pour les photographes qui ont désormais une place à eux.


©Mohamed Ali Elhaou

Il importe de mentionner que le spectacle était prévu à 22 heures et qu’il a commencé avec 20 minutes de retard et a duré jusqu’à minuit 30 minutes. En effet, le début de spectacle avait démarré avec l’arrivée du ministre des Affaires Culturelles Mohamed Zine Abidine qui était accompagné par l’ambassadeur russe ainsi qu’un cortège de conseillers dans le domaine de la culture. Ce retard s’explique en partie par la victoire de l’équipe de Tunisie face à l’équipe de Madagascar 3 buts à zéro. Dans cette perspective, le public était au ciel, euphorique et n’a pas vu le temps passé. Le sport, de ce fait, s’est introduit dans le monde de l’art, mais comment faire abstraction de ceci ?


Le Ballet, ses membres et le spectacle


Hier, le temps était frais avec des braises soufflant sur les gradins du festival faisant que les performeurs étaient bien à l’aise sur les planches du festival mythique. Le spectacle, même s'il se termine par une tragédie, est en réalité une invitation à profiter de chaque moment de la vie en beauté. Sous cet angle, le spectacle peut être perçu comme un moment de répit dans un monde marqué par une course effrénée derrière le temps qui court à grande vitesse. Le ballet comporte une vingtaine de ballerines et de ballerins ; ou si on veut, danseurs. La présence masculine égalait le nombre des femmes. Les corps présentés sur scène sont sveltes, jeunes, beaux.


©Mohamed Ali Elhaou

La troupe est remarquable par la finesse du sens esthétique qu’elle dégage, par le raffinement des costumes et de leur cohérence, par la rigueur de l’occupation de l’espace et la synchronisation des mouvements, par la capacité de narration durant deux heures dix minutes et par la grande implication des danseurs. Le spectacle est ainsi une chorégraphie qui met en narration et en détails la musique complexe du grand compositeur Piotr Ilitch Tchaïkovski. Ce ballet comporte quatre actes et propose une musique changeant de mode, de gamme et de mélodie à chaque plage sonore. L’univers de la musique classique vit bel et bien en nous et des artistes russes inspirent en effet nos artistes tunisiens. Dans cette perspective, Lotfi Bouchnak a repris entièrement un morceau de Tchaïkovski pour la mélodie de sa chanson Ya Ahla Sbah.


©Mohamed Ali Elhaou

La tragédie du spectacle est signifiée par le corbeau qui gâche à chaque fois la belle coordination des cygnes et leur art de vivre. Cependant, les actions de cet oiseau sombre n’ont pas empêché le groupe de bien vivre. Ce corbeau essaye par ailleurs de corrompre le collectif et s’attaque surtout aux membres les plus vénérables de cette belle population. Il finira par tuer la princesse la plus dynamique, mais le groupe continu à danser comme si de rien n’était. Aussi, le spectacle semble cibler la haute sphère de la société, son univers. Les fonds d’écran mobilisés sont bel et bien les palais et les lieux du pouvoir et de la décision. L’intrigue de ce ballet oscille donc entre la festivité et le complotisme qui vont de pair.


©Mohamed Ali Elhaou

Impression sur le public et seul bémol constaté


Le public du festival Carthage était en réalité des publics. Il était de diverses nationalités. Cet aspect ne l’a pas empêché de se forger une âme collective le temps de cette merveilleuse et féérique prestation. Dans les gradins, il y avait en l’occurrence des Russes venus assister au spectacle. C’était un public persévérant dans la mesure où il est resté scotché jusqu’à la dernière minute de cette performance, c'est-à-dire minuit dépassé pour assister à la chorégraphie admirable présentée par la troupe russe.


©Mohamed Ali Elhaou

À vrai dire, même si le spectacle est un ballet, le spectateur constate avec amertume l’absence d’un vrai orchestre. En effet, les danseurs ont joué et dansé sur un fond musical play-back. On aurait aimé voir les instruments, l’orchestre, un chef d’orchestre. Cet aspect manque lourdement, d’autant plus que la chorégraphie ne peut prendre sa signification qu’en s’arrimant avec les instruments et un véritable son musical. En effet, le festival ne peut prendre son charme qu’avec de réels instruments et des musiciens en présentiel face à leur public. Or, dans le temps qui court, et avec le phénomène de la digitalisation de la musique, on a tendance à remplacer de plus en plus le musicien. Le prétexte mis en avant, c'est l’absence de moyens. Ce genre de création artistique ne peut pas se faire à moitié !


Mohamed Ali Elhaou

*Crédit photos : l'auteur de cet article


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